Dès la légalisation des jeux d’argent en ligne, intervenu il y a maintenant un peu plus de 2 ans, l’un des objectifs affichés de l’Autorité de Régulation des Jeux en Ligne est l’information des joueurs sur les risques liés à la pratique du jeu, afin de prévenir les risques d’addiction. C’est pourquoi vous pouvez toujours lire les messages suivants lorsque vous tombez nez à nez avec une publicité vantant un site de poker ou de paris sportifs :
« Jouer comporte des risques : endettement, dépendance,… Appelez le 09 74 75 13 13 (appel non surtaxé) ».
« Jouer comporte des risques : isolement, endettement,… Appelez le 09 74 75 13 13 (appel non surtaxé) ».
« Jouer comporte des risques : dépendance, isolement,… Appelez le 09 74 75 13 13 (appel non surtaxé) ».
Adalis, un groupement d’intérêt public
Si vous n’avez jamais appelé, ce que nous vous souhaitons, vous vous demandez peut-être tout de même ce qui se cache derrière ce numéro. La réponse tient en un seul nom : Adalis. Il s’agit en fait d’un acronyme pour Addictions Drogues ALcool Info Service, un groupement d’intérêt public qui porte ce nom depuis 2009 mais qui était auparavant connu comme le Datis (Drogues Alcool Tabac Info Service).
Aujourd’hui, selon la directrice adjointe, Karine Grouard, Adalis traite en moyenne 120 appels quotidiens, une masse de travail qui n’est pas toujours facile à gérer lorsque que l’on ne compte que 8 employés, un nombre qui n’a pas changé depuis la légalisation des jeux d’argent en ligne. Mais comme le rappelle la directrice, « l’addiction au jeu était présente bien avant l’ouverture des paris en ligne ».
Cependant, ce changement du cadre législatif, et l’apparition de son numéro sur de nombreux panneaux publicitaires et dans les pages des magazines n’a pas simplifié la vie d’Adalis, souvent victime de confusions : « Il y a eu une confusion au début. Les joueurs ont cru que le numéro qui s’affichait en gros sur les sites était une hot line de dépannage. Les gens nous appelaient parce qu’ils ne retrouvaient plus traces de leur pari, etc. ».
Ainsi, alors que les opérateurs n’étaient pas toujours joignables alors qu’ils débutaient sur le marché, cet organisme prenait des allures de service client. Sur les 45 000 appels enregistrés dans les 10 premiers mois, seuls 2 600 concernaient vraiment le jeu excessif.
Qui sont vraiment les joueurs dépendants?
Il est intéressant de voir que les jeux dont il est le plus difficile de se défaire sont les paris sportifs et hippiques qui représentaient 47% des appels tandis que le poker était à 15%, les jeux de casino à 12% et, enfin, les jeux de grattage et les loteries chacun à 8%.
Si le joueur en détresse, appelle souvent lui-même (trois appels sur quatre environ), il arrive également que ce soit des proches qui fassent la démarche. En l’occurrence, 19% des appels seraient effectués par des proches inquiets pour des amis ou des membres de leur famille.
En étudiant les différents appels reçus, un profil type du joueur pathologique, également appelé joueur compulsif ou joueur excessif, se dégage : il s’agit généralement d’un homme (à 70%) âgé de plus de quarante ans (48%) adepte des paris sportifs et hippiques. Si jamais il est plus jeune, il a plus de chances d’être accro au poker.
Les joueurs qui composent ce numéro d’urgence appellent souvent trop tard. Dans la plupart des cas, ils sont déjà criblés de dettes et continuent de jouer pour tenter de « se refaire ». « Ils ont souvent du mal à parler et leurs appels durent moins de 10 minutes en moyenne. Ils évoquent plus volontiers les sommes qu’ils ont gagnées par le passé: leur problème est qu’il s’accroche à ces souvenir. En revanche, pour d’autres, peu importe de gagner ou de perdre: ils sont accros au bruit des machines à sous dans les casinos, » explique Karine Grouard.
Les employés ont ainsi eu affaire à des situations assez désespérantes telles que celle d’un étudiant de 22 ans qui venaient de dilapider l’équivalent de son prêt étudiant (soit 28 000 euros) sur des sites de paris en ligne. « Nous avons également le cas d’une retraitée qui dépensait 20 euros par semaine au casino. Vu sa maigre retraite, pour elle, 20 euros, c’était une somme énorme », se rappelle avec émotion Karine Grouard. Les joueurs qui appellent sont généralement dans une grande détresse, souvent dépouillés, quelques fois en rupture familiale, et le suicide est même parfois évoqué.
Amusez-vous !
Pour ne pas en arriver à ces extrêmes, une seule solution : jouer avec modération. Souvenez-vous que jouer doit rester avant tout un plaisir. Comme nous le disons dans toutes nos rubriques conseils, n’engagez pas plus d’argent que ce que vous êtes prêts à perdre. Vous n’en serez que plus heureux si jamais vous gagnez, ce que nous ne pouvons que vous souhaiter.